Pour n'avoir pu présenter sa carte de fidélité au supermarché, un auteur de bandes dessinées est confronté à un vigile avec qui il a une altercation. Il parvient à s'enfuir et sa traque par la police provoque une réaction en chaîne : les médias s'emballent, la société se divise.
Dans « Zaï zaï zaï zaï », Fabrice Caro, dit Fabcaro, 42 ans, regarde le monde frontalement, en esquissant un pas de côté pour ne pas se le prendre en pleine tête. D’un trait réaliste, mais léger, en usant d’un dessin minimaliste dans lequel les postures comptent plus que les visages et les détails, où les décors sont à peine posés, Fabcaro raconte une fuite en avant devant le réel qui joue sur les codes de notre quotidien, les détourne par l’absurde et nous interpelle. « Zaï zaï zaï zaï » est le miroir grinçant et drôle de nos petites vies confortables et apeurées. Journalistes, retraités, gendarmes, caissières, députés, vous et moi, chacun en prend pour son grade. Fabcaro n’épargne même pas le héros à boucle d’oreille dans lequel on reconnaît l’auteur.
Fabcaro appartient à l’école Fluide glacial et à celle du Psikopat, ces revues historiques qui assument la BD d’humour, faussement bête et, s’il le faut, potache. La poilade qui fait réfléchir. Ce n’est sans doute pas un hasard si le premier album auquel il participe, en 2005, est une adaptation florilège des textes de Pierre Desproges. Souvent scénariste pour les autres, Fabcaro cultive les idées qui s’épanouissent en un strip ou une planche. Et s’affirme comme un créateur d’émotions mêlées qui font naître chez le lecteur à la fois sourire et malaise.
Fabcaro a notamment signé « Parapléjack » à La Cafetière, « Talk Show » chez Vide Cocagne, « Jours de gloire » chez Altercomics, « Z comme Diego » (dessin de Fabrice Erre) chez Dargaud, « Mars » (dessin de Fabrice Erre) chez AUDIE/Fluide glacial, et même, tout récemment, les scénarios des « Impétueuses Tribulations d’Achille Talon » chez Dargaud (dessin de Serge Carrère).